annomad'lie
27 Avril 2014
Hola todos,
Derniers jours à Santiago, ce qui signifie aussi derniers jours au Chili. Tout est passé tellement vite !
J'apprecie de plus en plus Santiago, au fur et à mesure. Pourtant, la première fois, cette ville ne m'a vraiment pas laissée une tres bonne impression. Puis les rues piétonnes animées du centre, le palais de la Moneda, les cerros, les diseurs de bonne aventure qui s' installent par dizaine quand la nuit tombe, le terremoto, j'ai fini par être charmée par cette capitale. Oui elle est polluée, elle n'est pas belle, les fous de dieu qui hurlent la bible à tous les coins de rues sont un peu pénibles, mais le mélange de tout ça mérite qu'on s' y attarde un peu.
Il me restait une maison de Neruda à visiter, celle de Santiago justement, la Chascona. Le poète l'a construite pour celle qui deviendra ensuite sa dernière femme, Matilde Urrutia. Elle y vivra seule deux ans, le temps qu'il se sépare de sa deuxième femme, pour vivre officiellement avec elle. La maison a été baptisée de cette façon en son honneur, "chascona" signifie "la décoiffee", "l'ebouriffee".
Comme les deux autres, la maison est biscornue, pleine de recoins, et tres ouverte sur l'extérieur. Elle a été pensée comme un bateau, avec beaucoup d'objets rappelant la mer, mais aussi des petits patios, de grandes baies vitrées, et des bars..La visite est beaucoup moins poétique que celle de la Isla Negra, mais plus politique. On nous raconte comment se sont passés les derniers jours de Neruda dans cette maison, quelques jours apres le coup d'état de Pinochet, en 1973. La junte militaire a essayé de "noyer" la maison en bouchant les canalisations, en a saccagé une partie, brûlé ses livres. Des photos témoignent de l'histoire, de ses amis, célèbres ou non, qui ont continué à veiller son corps avec Matilde, dans la boue et les gravats, du peuple chilien qui, malgré l'interdiction de la junte, a accompagné son cercueil jusqu'au cimetière, en chantant. Beaucoup firent partis des disparus de la dictature, arrêtés par les militaires.
La visite est assez émouvante, et intéressante pour mieux comprendre les engagements politiques de l'écrivain. D'ailleurs la fondation Neruda a fait un bon boulot à mon avis, car même si l'on visite les trois maison, il n'y a pas de redites, et l'on en apprend à chaque fois un peu plus.
Demain, comme je prends mon avion dans la soirée, j'ai encore le temps de me promener et de visiter. J'ai prévu d'aller au Musée des Droits de l'Homme, sur les victimes de la dictature militaire de Pinochet, de 1973 à 1990. Le musée n'a été créé qu'en 2010, et inauguré par Michèle Bachelet.
Le Chili est encore loin d'avoir fait la lumière sur tout son passé, et des réformes sont toujours en cours actuellement pour modifier la constitution, dans laquelle subsistent encore de lourds heritages de la dictature.
(Aparté : je reviens du musée, impressionnant, extrêmement intéressant, dur et émouvant. Le coup d'état du 11 septembre 1973 comme si on n'y était, les bombardements sur la Moneda, le dernier discours d'Allende avant sa mort, les arrestations dans la rue. Des milliers de chiliens ont été arrêtés, torturés, tués. Des centaines de corps n'ont toujours pas ete retrouvés. On suit aussi les groupes de résistance qui se créèrent, le soutien de certains pays, contre la dictature de la junte militaire. Puis l'espoir d'un peuple qui dit "non !" au plébiscite de 1988, la liesse dans les rues à l'énoncé des résultats, et le democratie qui reprit ses droits. Les vidéos m'ont fait vraiment penser à celles de Berlin lors de la chute du mur. les deux événements ne sont distants que de quelques mois. La visite de ce musée devrait être une étape obligatoire, elle permet de beaucoup mieux comprendre l'histoire contemporaine de ce pays, si récente. J'ai rarement visité un musée aussi intense et émouvant)
Cette fois ci, je ne chanterai pas pour clôturer le blog (merci pour vos oreilles) mais vous aurez droit à une chanson quand même, sur la fin de la dictature, par un groupe chilien très connu, Sol y Lluvia, qui l'a écrite au depart de Pinochet.
Tu sais Julie, sans doute demain monterai-je une dernière fois au cerro San Cristobal, et près de cette statut, moi aussi je ferai couler quelques larmes...
La chascona / Santiago by night / Route désertique jusqu'à Santiago
/image%2F0534809%2F20140424%2Fob_488861_2014-04-21-17-03-35.jpg)
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
/image%2F0534809%2F20140423%2Fob_754a59_2014-04-17-18-52-42.jpg)