la granja, ultimo dia, por fin

28/04/2014 21:39

Buenos dias, todos,

Dernier jour : la veille, au petit déjeuner, j'avais prevenu Mario que je partais dimanche, deux semaines, c'est ce qui avait été conclu par mail alors que nous ne connaissions pas encore, et je suis allée au bout.

Mario et moi préparons le petit déjeuner ensemble, Maria se réveille tranquillement. Je lance la conversation sur les guerres Chili Pérou Bolivie, et il nous raconte comment le Chili a privé la Bolivie de l'accès à la mer. L'histoire est trop longue à relater ici, mais elle est incroyable, le petit déjeuner dure, dure, Mario nous mime les scènes et c'est vraiment tres drôle. Je sais aussi maintenant d'où vient l'idée que les chiliens sont des voleurs (on nous en avait parlé l'année dernière), et il y a quelques années, il y avait même des panneaux ici destinés aux touristes, écrits en anglais : "si vous voyez des chiliens voler, ne faites rien, c'est dans leur nature !". Ce dernier petit dej est vraiment un bon moment.

Ensuite, il nous faut aller bêcher, mais là la terre a été tres humidifiée, le coin est à l'ombre la russe a l'air enthousiaste, ca va. Nous plantons ensuite des pommes de terre, mais des bizarres, des chiliennes, qui ne ressemblent pas à celles que nous connaissons, j'apprends de nouvelles techniques, c'est intéressant même s' il nous faut recommencer une partie, ayant fait un peu les feignantes, nous n'avons pas bêche suffisamment profond.

Quand nous arrivons pour déjeuner, la table a l'air d'être sur son 31. Mario me dit que comme c'est notre dernier repas ensemble, il a prévu un repas spécial, j'ai même droit à une petite carte et aux fleurs, qu'il est allé cueillir pour moi. Pour un peu, je serai presque émue. Le repas se passe super bien. Il me propose de rester, je lui dis que ce n'est pas possible, je ne suis pas certaine qu'au boulot on accepte que je reste quelques semaines de plus au Chili (si ? Si ? Je lance un appel, il n'est pas encore trop tard...)

L'après midi, je suis contente, nous allons couper les grappes de raisins pour faire le vin. Il en produit environ 70 litres par an, et de l'eau de vie. Je n'ai pas pu goûter son vin, plus de bouteille, mais j'ai goûté l'eau de vie, pas mal. D'abord nous nettoyons les "fûts", à grand coup de tuyau d'arrosage, nous sommes trempés mais vu la chaleur, même à 18h, ca fait du bien. Puis Maria et nous parcourons les différents plans de vignes un peu partout sur la propriété pour couper les grappes puis commencer à en extraire le jus. Je suis déçue de partir, pour ne pas pouvoir terminer tout ça. Quand la nuit tombe nous sommes tres sales mais j'ai vraiment aimé faire ça.

Finalement, Mario reste le soir avec nous et nous prépare une super pizza. Il en avait déjà fait une fois, et j'étais deja épatée, car il les fait donc sans four. Pour autant, elles sont tres bien cuites, autant la pâte que la garniture, juste sur le gaz. Et il n'y'a rien d'industriel chez lui, il fait tout, tout lui-même. Il nous dit qu'il est invité à faire la fête chez des voisins, et nous propose de venir avec lui. Maria n'est pas tres chaude, mais moi je veux ! Il nous prévient que les voisins sont bourrés, mais que lorsqu'il y a des femmes, ils sont très corrects et "pas lourds". Bon je pense qu'on n'a pas la même définition du "lourd" dans chaque pays...

De toute façon, je suis décidée à y aller, la russe suis, peut être pour ne pas rester seule. Nous marchons dans la montagne, dans la nuit, et arrivons chez les voisins. Qui n'ont pas de maison. En fait nous arrivons dans une cour, d'un côté une petite pièce en torchis qui sert de cuisine, et de l'autre côté, une pièce en briques avec des lits. Banc, table et chaises sont dans la cour. Il y a 4 hommes et une femme, effectivement complètement bourrés.

Deja la femme, je ne sais pas si elle est toujours comme ça, ou etait spécialement faite, mais elle etait assise, les yeux dans le vague. Je suis allée lui dire bonjour et me présenter, pas de reaction. On nous installe à table, impossible de comprendre quoi que ce soit, seul un est à peu pres compréhensible. La musique hurle, ils chantent et dansent en boucle sur la même chanson. D'office on nous remplit un verre de piquette (bidon sur la table de 5l de rouge à 1000 pesos, et encore...), on nous sert une empanada. Je n'ai absolument plus faim, je suis gavee de pizza, mais pour etre polie, j'en mange la moitié. Les voisins nous parlent, nous parlent, Mario est obligé de servir de traducteur, car on ne comprend absolument rien. Impossible d'avoir une conversation, on me demande tous les 5 minutes "mais de quel pays es-tu ?", je crois que j'ai un fou-rire qui dure une heure, j'en pleure, j'ai l'impression d'être dans une autre dimension. L'accent très local, l'alcool, j'aurai des chinois en face de moi, ça ne serait pas pire, je pense. Mais ils continuent à nous parler sans cesse. Bien sûr nous sommes les plus belles, pourquoi ne resterions pas vivre ici, les chiliens prendraient soin de nous...Si, ils sont un peu lourds quand même. Mais on rigole tellement, au moins tous les trois, avec l'impression d'être trois personnes normales teletransportees dans un monde parallèle ! Les verres se remplissent et se vident aussi vite, sauf pour nous, et pour Mario, qui ne boit jamais d'alcool. Puis arrive un plat immense de viande, qu'on pose devant nous. Une cote de porc géante, des saucisses, un quart de poulet chacune dans l'assiette et ils veulent nous regarder manger. Grand moment de solitude. Je crois que je n'ai jamais autant supplie quelqu'un du regard autant que Mario à ce moment là. j'essaie de les pousser à manger aussi, mais non, ce sont nous les invitées, les femmes d'abord ! Je ne peux plus rien avaler, la nuit est avancée, j'ai quand même reussi à manger la côte de porc. Nous finissons par rentrer sains et saufs, vidés d'avoir autant ri.

Et se finit mon séjour la-bas, par cette nuit un peu bizarre, qu'on terminera en sortant de leur cachette toutes les armes de la maison (fouet d'Indiana Jones, épée espagnole, sabre indien et j'en passe) pour faire tous les deux une demonstration à la jeune russe de tous les moyens de se défendre en cas d'intrusion nocturne..la pauvre, elle avait peur avant, pas sûr qu'elle soit plus rassurée après...

Quant à moi, je partirai aux aurores la tête pleine de souvenirs !